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Tuesday, August 5, 2025

Maisons de Retraite en Azerbaïdjan : Honte ou Nécessité ? Un Dilemme Grandissant pour les Personnes Âgées

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En Azerbaïdjan, où la piété filiale et le respect des aînés sont profondément ancrés dans la tradition culturelle et les valeurs islamiques, placer des parents en maison de retraite est encore largement perçu comme une honte. Pour autant, derrière les portes closes, la réalité évolue rapidement : de plus en plus de personnes âgées vivent l’isolement, la négligence et l’abandon émotionnel, même lorsqu’elles ont des enfants et une famille élargie.

Un Fossé Générationnel

La sociologue Mais Garaev souligne que le fossé émotionnel entre les générations devient difficile à ignorer :

« Ces transformations ne sont pas propres à l’Azerbaïdjan — elles se manifestent dans le monde entier. Nous assistons à l’effondrement des liens traditionnels. Autrefois, l’obéissance et la révérence envers les parents étaient la règle. Aujourd’hui, de nombreux aînés se plaignent d’indifférence, voire d’égoïsme, de la part de leurs propres enfants. »

Enfants de leur Temps

« Il y a un adage : les enfants appartiennent davantage à leur époque qu’à leurs parents, » note-t‑elle.

Selon Garaev, les personnes âgées isolées, coupées de la vie sociale, sombrent souvent dans la dépression—un état qui fragilise la santé mentale et physique.

Des Alternatives Dignes

« Dans de tels cas, des établissements spécialisés — où les seniors vivent entre pairs — peuvent constituer la seule alternative digne. En Turquie, on appelle ces lieux des “maisons de paix”, nom qui reflète parfaitement l’objectif. »

Des Options Limitées, des Capacités Réduites

Actuellement, l’Azerbaïdjan ne dispose que d’un seul établissement public à grande échelle pour personnes âgées, hébergeant 274 personnes de plus de 70 ans. La plupart ne sont plus autonomes. D’autres centres sont destinés aux anciens combattants ou travailleurs, mais le pays manque d’une infrastructure globale de prise en charge des seniors.

Un Tabou Culturel — mais en Changement

Le stigmate persiste. « Placer ses parents en institution reste considéré comme honteux, » reconnaît Garaev. « Mais à mesure que les modalités de vie évoluent, la réalité est que de nombreux aînés sont perçus comme un fardeau économique. Ils souffrent en silence chez leurs enfants, honteux de leur statut déclinant. »

Elle soutient que cette mentalité dépassée doit être remise en cause :

« Les établissements du futur ne doivent pas ressembler aux institutions sinistres du passé. Ils doivent être dynamiques, proposer des activités adaptées à l’âge, l’indépendance et un sens à leur vie. Au lieu de dépenser leur pension pour les petits‑enfants, beaucoup de seniors pourraient l’utiliser pour améliorer leur propre qualité de vie. »

Le Chemin à Suivre

Garaev plaide pour des discussions politiques sérieuses et des innovations concrètes dans le domaine du soin aux personnes âgées :
« Il faut apprendre de pays comme la Turquie. La demande augmente — l’ignorer ne la fera pas disparaître. »

Alors que l’Azerbaïdjan doit faire face à l’évolution démographique et à des dynamiques familiales changeantes, le pays se trouve devant une conversation difficile mais nécessaire : est‑il plus honorable de laisser les parents âgés dans l’ennui et l’abandon, ou d’assurer un soin professionnel, même si cela implique de repenser la tradition ?

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