Une statistique intéressante a été publiée par la Cour des comptes d’Azerbaïdjan : plus de 90 % des opérations chirurgicales coûteuses dans le pays sont effectuées dans des établissements médicaux privés. Il est à noter qu’une part importante de ces opérations est financée par le fonds d’assurance maladie obligatoire (AMO), c’est-à-dire par des fonds publics.
Selon les données officielles, les établissements médicaux sous la tutelle de l’Association de gestion des unités médicales territoriales (TƏBİB) disposent de tous les médicaments et matériels médicaux nécessaires. Pourtant, la grande majorité des opérations coûtant 5 000 manats ou plus en 2023-2024 ont eu lieu dans le secteur privé.
Pour comprendre les raisons de ce déséquilibre, Xəzər Xəbər a mené une enquête auprès des habitants de Bakou.
“J’ai subi une opération dans un hôpital public. Aucune différence avec une clinique privée. J’y ai payé la même somme”, a déclaré l’un des sondés.
Un autre participant a souligné la question du personnel : “Dans les cliniques privées, il y a de vrais spécialistes qualifiés. Les cadres hautement qualifiés, surtout ceux qui ont étudié à l’étranger et sont revenus au pays, préfèrent travailler dans le secteur privé. C’est logique : les médecins ayant une expérience internationale sont attirés par les cliniques privées où les conditions de travail et les salaires sont bien meilleurs.”
“J’ai des amis qui travaillent dans des hôpitaux publics et qui sont d’excellents professionnels, mais sans l’équipement nécessaire, il est impossible d’assurer un traitement de qualité. Dans nos hôpitaux publics, il faut d’abord créer des conditions adéquates. Si ces conditions existent, on pourra attirer les meilleurs cadres et gagner la confiance des gens. Pour les patients, il n’y a pas de différence fondamentale sur le lieu de traitement. Ce qui compte, c’est la qualité des soins”, a souligné un troisième participant.
Selon l’expert médical Adil Geibulla, malgré le passage du système de santé à l’AMO, les citoyens ne sont pas satisfaits de la qualité des services. C’est pourquoi ceux qui en ont les moyens préfèrent se tourner vers les cliniques privées.
“Pour un spécialiste qualifié, le secteur privé est plus intéressant. Évidemment, il s’agit avant tout d’une question de motivation financière. En conséquence, la majorité des opérations, surtout les plus coûteuses, sont réalisées dans le secteur privé. Les patients qui ont besoin de traitements complexes ou de soins intensifs sont obligés de se tourner vers les cliniques privées et d’assumer des dépenses importantes. Dans le secteur public, la qualité du service et l’équipement technique sont cruciaux”, précise-t-il.
Selon lui, pour attirer les patients dans les établissements publics, il faut des mesures systémiques concrètes : “Le secteur public doit être entièrement intégré au système d’assurance. Les médecins doivent recevoir un salaire compétitif et bénéficier de garanties sociales. En outre, l’équipement technique des cliniques publiques doit répondre aux normes actuelles. Ce n’est qu’à ces conditions que l’on pourra parler de vraie concurrence entre les secteurs public et privé. Il faut également noter qu’en Azerbaïdjan, il n’existe pas encore de secteur municipal de la santé, ni de système d’assurance correspondant, ce qui pourrait constituer une autre alternative”.
En réponse à une demande de la rédaction, le service de presse de TƏBİB a confirmé les statistiques citées, précisant qu’il s’agit d’interventions médicales complexes nécessitant une haute qualification et un équipement spécial.
Pour répondre aux besoins de la population et garantir un accès rapide aux soins, TƏBİB utilise un mécanisme de partenariat public-privé. Dans ce cadre, certaines interventions complexes sont réalisées dans des établissements privés sur orientation d’hôpitaux publics et financées par le fonds d’assurance maladie obligatoire.
TƏBİB précise également que des efforts sont menés en parallèle pour développer les capacités des hôpitaux publics et renforcer leur base matérielle et technique.