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Tuesday, November 4, 2025

Le Rôle Croissant de l’Azerbaïdjan au Sein de l’Organisation de Coopération de Shanghai : Opportunité Stratégique ou Risque ?

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L’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) n’a peut-être pas le poids de l’OTAN ou de l’Union européenne, mais son essor constant la rend impossible à ignorer. Avec 40 % de la population mondiale, un quart du PIB mondial et des membres majeurs comme la Chine, la Russie et l’Inde, le bloc est passé d’un forum régional de sécurité à une plateforme d’influence économique et politique, selon Caliber.Az.

Pour l’Azerbaïdjan, partenaire de dialogue depuis 2015, la participation a ouvert des portes vers de nouveaux marchés, des accords d’infrastructure et une visibilité diplomatique. La présence régulière du président Ilham Aliyev aux sommets de l’OCS — de Samarcande à Astana, et plus récemment Tianjin — montre la volonté de Bakou de rester à la table où se dessinent les stratégies eurasiatiques. Mais ce rôle élargi comporte à la fois des opportunités et des risques.

Côté opportunités, la Chine domine. Son Initiative « la Ceinture et la Route » repose sur des corridors est–ouest sécurisés, et la géographie de l’Azerbaïdjan le place au cœur de ces routes. Les investissements dans les chemins de fer, les ports et les pipelines ont déjà fait de Bakou un carrefour de transit crucial. L’engagement avec Pékin offre la perspective d’une intégration commerciale plus profonde, d’un transfert de technologies et de financements d’infrastructures, au moment où les chaînes d’approvisionnement mondiales se redessinent.

Les liens culturels et de soft power se sont également renforcés. La maison commerciale de l’Azerbaïdjan à Qingdao et la diplomatie culturelle — des commémorations de Nizami Gandjavi à Pékin aux expositions organisées par la Fondation Heydar Aliyev — illustrent comment Bakou utilise le cadre de l’OCS pour mêler économie et rayonnement culturel.

Mais les risques sont tout aussi réels. S’aligner de trop près sur une organisation dominée par la Russie et la Chine soulève des questions d’équilibre. La position affaiblie de la Russie après sa guerre en Ukraine l’a rendue plus dépendante de la Chine, et l’OCS reflète ce partenariat inconfortable. Pour l’Azerbaïdjan, dont les exportations d’énergie restent liées aux marchés européens et dont la politique étrangère mise sur un pragmatisme multivectoriel, un engagement excessif pourrait compliquer les relations avec l’Occident.

De même, l’OCS n’est pas un bloc cohérent. Les rivalités entre membres — de l’Inde et du Pakistan aux divergences de priorités entre Moscou et Pékin — font que ses grandes déclarations dépassent souvent les résultats concrets. Pour l’Azerbaïdjan, l’enjeu est d’obtenir des bénéfices économiques et diplomatiques tangibles sans se laisser entraîner dans des rivalités géopolitiques contraires à ses intérêts fondamentaux.

Le sommet de Tianjin a mis en évidence ces dynamiques. L’énergie, le transport et le climat étaient à l’ordre du jour, et l’Azerbaïdjan y a été visible. Mais participer à de tels forums n’est pas seulement une question de présence, c’est aussi une question de positionnement. Le véritable test sera de savoir si Bakou peut utiliser l’OCS pour faire progresser son agenda en matière d’infrastructures et de commerce, tout en maintenant son équilibre délicat entre l’Est et l’Ouest.

La stratégie de l’Azerbaïdjan vis-à-vis de l’OCS doit donc être comprise non pas comme un pivot, mais comme une couverture. Dans un monde où les alignements mondiaux évoluent, Bakou parie qu’il est plus sûr de s’asseoir à plusieurs tables — Bruxelles, Ankara, Moscou, Pékin — que d’en choisir une seule. La question est de savoir combien de temps cet exercice d’équilibriste pourra durer.

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